Entre orgueil et acceptation de soi : « La Parure »
Quand un récit de 1884 donne encore des leçons de vie en 2025…
La Parure de Guy de Maupassant est un de ces récits qui, bien que court, laisse une empreinte durable. Je l’avais lu il y a fort longtemps et il remonte parfois à ma mémoire tellement il reste d’actualité. Pourquoi ? Parce qu’il touche à une vérité universelle et intemporelle : les dangers de l’orgueil et l’épuisement de vouloir « paraître » plutôt que d’accepter simplement d’ « être ».
Si vous ne connaissez pas cette histoire et même si vous la connaissez déjà, je vous la partage ici. Elle est renversante ! Je vais me faire un plaisir de vous la lire dans ce podcast.
Voici un bref résumé (sans spoiler, promis !) : Mathilde Loisel, une femme modeste qui rêve d’une vie luxueuse et enviée, va avoir l’opportunité de briller lors d’une soirée mondaine. Pour l’occasion, elle emprunte une somptueuse parure à une amie. Mais cette quête d’apparence va déclencher une série d’événements tragiques qui bouleverseront sa vie.
Écoutez les rebondissements de cette histoire dans le podcast.
Alors, renversante n’est-ce pas ?
Maupassant ne juge pas son personnage, il expose simplement les conséquences d’un choix : celui de privilégier le paraître au détriment de l’être. Et c’est là que cette histoire résonne encore aujourd’hui, plus d’un siècle après sa publication.
L’orgueil, l’épuisement de vouloir paraître et la perte de soi
Combien d’entre nous se reconnaissent, ne serait-ce qu’un peu, dans Mathilde Loisel ? Combien de fois avons-nous cherché à impressionner, à montrer une version idéalisée de nous-mêmes ? C’est pourtant épuisant mentalement et émotionnellement, non ?
Dans ma pratique, je rencontre souvent des personnes qui se sentent prisonnières de cette quête incessante de validation et de reconnaissance. Mais à quel prix ? Allant jusqu’à se mentir à elles-mêmes, en oublier la réalité et nier leurs ombres.
L’orgueil implique forcément le mensonge, à commencer par le mensonge envers soi, ou pire : l’inconscience de soi.
Cette volonté de paraître plus que ce que l’on est peut devenir un piège. Elle nous éloigne de notre authenticité, et surtout, de notre capacité à nous accepter tels que nous sommes. De là, il devient compliqué d’envisager de changer, d’évoluer, de se défaire des schémas de répétitions problématiques, et tout simplement de se sentir bien.
En effet, comment changer un comportement qui nous fait du tort si on ne reconnaît pas l’existence de ce comportement et de nos ombres ?
L’acceptation de soi comme point de départ
J’aimerais vous partager une citation qui m’est précieuse, car elle constitue l’un des piliers de mon approche d’accompagnement et s’inscrit dans l’héritage du célèbre psychologue Carl Rogers, dont le travail m’inspire profondément :
« Quand je m’accepte tel que je suis, alors je peux changer. »
Cette affirmation résonne profondément avec le message de La Parure.
Mathilde Loisel aurait-elle pu éviter cette spirale de malheurs si elle avait accepté sa condition et trouvé de la valeur dans ce qu’elle avait, plutôt que de courir après ce qu’elle n’avait pas ?
Ne pouvait-elle pas choisir d’être heureuse dans sa vie qui semblait tout de même confortable auprès d’un mari aimant ?
Ne s’est-elle pas détournée de son chemin de vie pour emprunter un chemin qui n’était pas le sien et donc complètement déraper ?
Prisonnière de ses envies, elle vit dans une frustration permanente, voyant le verre à moitié vide, passant à côté de SA vie, n’ayant que peu ou pas de gratitude pour une existence pourtant plutôt choyée.
L’acceptation de soi, c’est le premier pas vers un changement authentique. Ce n’est pas de la résignation, ce n’est pas renoncer à évoluer, bien au contraire.
C’est reconnaître nos ombres, nos imperfections, et comprendre qu’elles font partie de nous pour apprendre à les dompter, les transmuter en force et cohabiter avec elles.
C’est sur cette base solide que nous pouvons construire quelque chose de durable et sain, sans nous perdre dans les illusions du paraître et donc dans une vie illusoire qui ne mènera à rien de bon.
Mon accompagnement étant souvent centré sur le deuil, la fin de vie et la mort, que ce soit dans cette vie ou des vies passées, j’observe que les dernières pensées et regrets se tournent toujours vers l’authenticité et la simplicité, jamais vers le paraître ou les possessions. Des témoignages et recueils, comme ceux de Bronnie Ware, infirmière en soins palliatifs, son livre : « Les 5 regrets des personnes en fin de vie », en attestent aussi.
Une nouvelle toujours d’actualité
Aujourd’hui plus que jamais, à l’ère des réseaux sociaux, des images filtrées et de la course à la perfection dans cette société individualiste de compétition, le message de Maupassant reste criant de vérité pour toutes les personnes qui comparent leur vie à celles des autres, cherchant à se rassurer, à impressionner, à vouloir montrer une version parfaite d’elles-mêmes, se perdant dans les méandres de leurs illusions…
À quel coût émotionnel ? Et à quel coût karmique ? Pour Mathilde, le péché d’orgueil a été puni. Cette fin ironique témoigne de l’absurdité et du danger de l’orgueil.
➠ Cette histoire de Mathilde et sa parure nous rappelle une vérité essentielle : la paix intérieure ne se trouve pas dans le regard des autres, mais dans notre capacité à nous accepter, avec nos forces et nos faiblesses.
Et vous, où en êtes-vous avec le paraître ?
Vous arrive-t-il trop souvent de vous « parer » d’une « parure » pour bien « paraître » ? Je fais une petite parenthèse pour ceux qui, comme moi, aiment les analyses littéraires. Remarquez l’habileté de Maupassant en choisissant le titre « La Parure » et non pas « Le Bijou » ou « Le Collier ». Se parer implique bien l’idée de revêtir un costume, de s’embellir pour paraître et donc transformer sa réalité l’espace d’un instant.
Prenez un moment pour vous demander : est-ce que vous vous reconnaissez dans cette quête du paraître ? Est-ce que vous vous sentez épuisé(e) par cette course à l’apparence, à la comparaison, au toujours plus ? Et si, au lieu de chercher à impressionner, vous commenciez par vous accepter tel(le) que vous êtes, avec vos ombres et vos lumières ? Je parie que vous serez encore plus agréablement impressionnée(e) par vous-même.
En Hypnose, en Sophrologie ou en Méditation, l’un des premiers pas vers le bien-être est souvent celui de l’acceptation. Cela s’apprend. C’est en accueillant ce qui est déjà là que nous pouvons véritablement transformer notre vie.
Reconnaître ses émotions pour renaître à soi 💜
Je vous laisse sur ces derniers mots de Jeanne…

Écrit à la lueur d’une bougie, un soir tardif d’hiver, avec 💛